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Libra : La cryptomonnaie de Facebook rejetée par la France qui la considère comme dangereuse

Nous vous rappelons la devise originale de Facebook : “Move fast and break things" ("Bougez vite et cassez les codes").

Le ministre français de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire a, quant à lui, pris position de manière claire : “Non merci, ne le faites pas avec l’économie mondiale !”.

Jeudi 13 septembre, Le Maire a déclaré, dans un discours prononcé lors du Global Blockchain Policy Forum 2019 de l’OCDE (une conférence sur la monnaie numérique), qu’il voyait dans cette nouvelle cryptomonnaie Libra de Facebook un “danger pour les consommateurs”, un “risque systémique” et une menace directe pour la France :

Notre souveraineté monétaire est en jeu.  

Cette menace existentielle perçue par la France ainsi que par d’autres gouvernements vient du fait que plus de 2 milliards d’utilisateurs, de consommateurs et d’investisseurs sur Facebook, mais aussi l’économie mondiale en général, puissent se retrouvés piégés avec une devise risquée qui les obligerait à un renflouement. Les gouvernements, y compris la France récemment et les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni au début du mois, ont déclaré qu’ils n’auraient peut-être pas d’autre choix que de renflouer Facebook si la machine était amenée à s’emballer, tout simplement parce que le réseau social était trop grosse pour faire faillite (“too big to fail“).

Le livre blanc de 29 pages de Facebook indique que la cryptomonnaie, créée par Libra Association, basée en Suisse, fonctionnera avec un logiciel open source blockchain développé par Facebook. Les institutions financières, notamment Mastercard, Paypal et Visa, la prendront en charge et profiteront sans aucun doute de cette collaboration, même si Facebook joue pour le moment un rôle de premier plan.

Le Maire a ajouté que, outre le risque que des pays soient obligés de renflouer cette monnaie en cas de dépréciation de celle-ci, d’autres risques sont craindre comme par exemple le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, qui seront plus difficiles à pister. Il a donc exhorté Facebook à envisager plutôt la création d’une “monnaie numérique publique” distincte. Voici les propos tenus par Le Maire devant les participants à la conférence :

Je veux être très clair. Dans ces conditions, nous ne pouvons pas autoriser le développement de Libra sur le sol européen.  

Concernant les projets de déploiement de la cryptomonnaie Libra de Facebook, il ne s’agit pas d’une bonne nouvelle. La déclaration de Le Maire intervient juste un mois après que des responsables américains, européens et britanniques, chargés de la protection des données, ont publié une déclaration commune soulignant leurs préoccupations concernant Libra. Voici un extrait de cette déclaration :

Alors que Facebook et sa [filiale associée à Libra], Calibra, ont fait de nombreuses déclarations publiques concernant la confidentialité, ils n’ont pas abordé de manière claire et spécifique les pratiques qui seront utilisées en matière de traitement des données afin de sécuriser et protéger les données personnelles.  

Facebook : Mais faites-nous confiance, nous saurons le faire mieux que vous !

La réponse de Facebook est arrivée rapidement : En substance, le réseau social nous dit que nous nous trompons !

David Marcus, co-créateur du programme Libra et dirigeant de Facebook en charge de cette cryptomonnaie basée sur la blockchain, que les gouvernements d’ailleurs se font une joie de haïr, a tweeté un thread axé sur l’argent et la souveraineté nationale.

Libra est conçue pour offrir un meilleur système et réseau de paiement fonctionnant en amont des devises existantes, offrant ainsi une véritable valeur ajoutée aux consommateurs du monde entier.

Libra sera soutenue par un ratio de 1 pour 1 par un ensemble de monnaies fortes. Cette garantie signifie que pour chaque unité de Libra existante, une valeur équivalente sera détenue en réserve.

En d’autres termes, nous n’interférerons pas avec votre capacité à créer de la nouvelle monnaie.

En tant que tel, il n’y aura pas de nouvelle création monétaire, laquelle restera strictement dans le giron des nations souveraines.

Mais si cela peut vous rassurer, vous pouvez venir nous contrôler, a-t-il déclaré. En fait, nous le souhaitons fortement car :

Nous estimons également qu’une surveillance réglementaire étroite, empêchant l’Association Libra de s’écarter de son engagement total en faveur d’un ratio de 1 pour 1, est souhaitable.

Bien sûr, Facebook ne peut pas lancer sa monnaie sans la permission des législateurs, des banques et des régulateurs.

Nous continuerons de dialoguer avec les banques centrales, les régulateurs et les législateurs pour veiller à répondre à leurs préoccupations par le biais de la conception et de l’exploitation de Libra.  

Peut-être que Facebook devrait sortir une nouvelle version de ce livre blanc de 29 pages qui est censé répondre aux critiques, aux préoccupations et aux refus catégoriques du type “pas sur notre sol mon pote !”.


Billet inspiré de Facebook Libra rejected by France as “dangerous”, sur Sophos nakedsecurity.

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