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Facebook admet une potentielle cyberdépendance néfaste vis à vis des réseaux sociaux

Un examen de conscience a fait l'objet d'une publication de la part de Facebook vendredi dernier. Des chercheurs ont ​​publié les questions à se poser, concernant une potentielle cyberdépendance néfaste vis-à-vis des réseaux sociaux. Cette introspection arrive peu de temps après des propos cinglants de la part d'ex-employés de Facebook.

Voici l’opinion d’experts concernant l’impact sur vous des réseaux sociaux, qui sont capables de vous faire vivre à la fois joie intense ou immense désespoir :

  1.  Si vous consommez passivement du contenu telle une masse inerte étalée devant sa télé, alors vous vous sentirez mal.
  2. Si vous entrez en relation activement avec vos amis, parents, camarades de classe et collègues, alors vous vous sentirez bien.
  3. Si vous préférez vous éloigner complètement des réseaux sociaux… vous êtes alors devenu une personne mystérieuse et insondable, et vous n’êtes pas concerné par la récente introspection de Facebook.

Cette introspection a eu lieu vendredi, lorsque les chercheurs de Facebook ont ​​publié les fameuses “questions cruciales” à se poser, concernant une potentielle cyberdépendance néfaste vis-à-vis des médias sociaux. Étant donné que ces questions n’incluent pas celle-ci, à savoir : “que diriez-vous si je me contente de me débarrasser complètement de Facebook ?”, ces dernières sont vraiment d’une complexité toute relative !

Allons-y, levons le voile : dans la publication, Facebook a reconnu publiquement certains effets néfastes générés par sa plateforme, mais a suggéré que le remède était de communiquer davantage avec cette dernière : plus de messages, plus de commentaires et plus de publications.

Une étude que nous avons menée avec Robert Kraut à l’Université Carnegie Mellon a révélé que les personnes qui ont envoyé ou reçu plus de messages, de commentaires et Timeline, ont signalé des améliorations au niveau du soutien social, de la dépression et de la solitude. Les effets positifs étaient même amplifiés lorsque les gens parlaient avec leurs amis proches en ligne. Il ne suffisait pas de publier des mises à jour de statut. En effet, les utilisateurs devaient interagir véritablement en “face-à-face” avec les autres membres de leur réseau.  

David Ginsberg, research director chez Facebook, et Moira Burke, research scientist chez Facebook, ont noté que dans une expérimentation menée à l’Université Cornell au sein d’une population d’étudiants stressés, ceux qui ont fait défiler leur propre profil Facebook pendant cinq minutes ont ressenti une stimulation de l’affirmation de soi plus importante, que ceux qui ont fait défiler des publications d’inconnus.

Voici un extrait de la publication des chercheurs de Facebook :

Les chercheurs croient que l’affirmation de soi vient des souvenirs d’interactions significatives passées, voir des photos dans lesquelles ils ont été tagués et des commentaires laissés par leurs amis, ainsi que des réactions aux publications passées d’autres utilisateurs, dans lesquelles ces derniers choisissent une manière de se montrer au monde extérieur.  

A partir de cette étude :

… les utilisateurs gravitent autour leurs profils en ligne après avoir reçu un coup de boost au niveau de leur ego, dans un effort inconscient pour réparer leurs perceptions vis-à-vis de l’estime de soi.  

Il s’agit de l’aspect positif. L’aspect négatif, tel que le trolling facilité par les médias sociaux, peut aboutir à des problèmes aussi graves que le suicide.

Un exemple, parmi d’autres trop nombreux, était celui de Rebecca Ann Sedwick, une jeune fille de Floride âgée de 12 ans, qui a sauté du haut du silo d’une cimenterie abandonnée en 2013. Un mois après son suicide, le cyberharcèlement hors ligne et en ligne qui avait tourmenté Rebecca pendant plus d’une année, continuait de se répandre de manière nauséabonde sur des médias tels que Facebook. Et finalement, deux filles ont été arrêtées après s’être vantées, sur Facebook, d’avoir harcelé la victime.

Beaucoup d’études qui ont analysé ce côté obscur de Facebook. Cinq thèmes ont émergé tels que : gérer un contenu inapproprié ou ennuyeux, cyberdépendance vis à vis de Facebook, percevoir le manque d’intimité et de contrôle, la comparaison sociale et la jalousie, et la tension relationnelle.

Bien sûr, Facebook est bien conscient que sa plateforme peut être utilisée à la fois pour du cyberharcèlement mais aussi pour passer des appels à l’aide. En mars, il a annoncé qu’il prévoyait de mettre à jour ses algorithmes, afin d’être davantage à l’écoute de personnes qui pourraient avoir des tendances suicidaires, en recherchant des phrases clés et les signalant auprès du personnel humain de Facebook, afin de vérifier si l’internaute va bien.

Le message publié vendredi dernier concernant la cyberdépendance néfaste vis-à-vis des réseaux sociaux, arrive quelques jours après qu’un ancien dirigeant de Facebook ait tenu des propos cinglants sur l’entrerpise. Chamath Palihapitiya, ancien vice-président “user growth”, a déclaré qu’il regrettait son rôle dans le développement d’outils qui détruisent à terme “le tissu social sur lequel fonctionne la société”.

Les boucles de réaction à court terme, dopaminergiques, que nous avons créées détruisent le fonctionnement de la société. Pas de discours civil, pas de coopération, de la désinformation, et du mensonge.  

… une déclaration qui a suivi l’aveu le mois dernier, de l’ex-président de Facebook Sean Parker, concernant le fait que les créateurs de Facebook étaient conscients dès le début qu’ils exploitaient une “vulnérabilité de la psychologie humaine“, pour développer une cyberdépendance chez les utilisateurs vis à vis de ce fameux pic de dopamine, quand un autre utilisateur aime ou commente votre page.

C’est une boucle de réaction apportant une validation sociale … Vous exploitez une vulnérabilité de la psychologie humaine … Les inventeurs et les créateurs, à savoir moi, Mark [Zuckerberg], Kevin Systrom sur Instagram, tous ces gens-là, ont consciemment bien compris les enjeux. Et nous l’avons fait quand même. 

Parmi les autres ex-Facebook, qui ont récemment réagi aux répercussions de leur création, citons Justin Rosenstein, co-créateur de Facebook, et Leah Pearlman, ancienne chef de produit Facebook, qui ont tous deux mis en place des mesures pour réduire leur cyberdépendance vis-à-vis des médias sociaux.

Il ne s’agit pas seulement de Facebook, au bon milieu de l’analyse actuelle portant sur les fake news, le PDG de Snapchat Evan Spiegel, pour sa part, a également fait un travail d’introspection.

La publication de vendredi n’ignore pas les recherches publiées sur les effets négatifs des médias sociaux, mais peut-être sans surprise, elle conclut que les bons effets/mauvais effets, en matière de cyberdépendance, sont liés à la manière dont vous utilisez les médias sociaux.

Mais qu’en est-il des non-utilisateurs ? Une telle étude existe bien sûr !

Une étude récente de Harvard Business Review a révélé que, les réseaux sociaux “réels”, en face à face, étaient associés positivement au bien-être global, alors que l’utilisation de Facebook était associée négativement au bien-être global. En fait, les chercheurs ont conclu que votre santé physique pouvait se trouver affectée, sans parler de votre santé mentale :

Ces résultats étaient particulièrement parlants pour la santé mentale. La plupart des mesures de l’utilisation de Facebook, au cours d’une année, prédisaient une diminution de la santé mentale dans les 12 prochains mois au maximum. Nous avons souvent constaté que le fait d’aimer le contenu des autres, et de cliquer sur les liens permettait de prédire une dégradation future de la santé physique ressentie, de la santé mentale et de la joie de vivre. 

Vous n’aimez pas cette conclusion ? Pas d’inquiétude : une autre étude réalisée il y a un an a révélé que les utilisateurs de Facebook avaient ​​tendance à avoir des niveaux plus élevés de bonheur subjectif, de joie de vivre et de soutien social, par rapport aux non-utilisateurs.

Facebook a utilisé son message d’introspection pour annoncer quelques changements, au sein de sa plateforme, dans le but de nous aider à faire plus d’activités qui nous rendent heureux, et de nous protéger de celles qui ne nous plaisent pas.

Néanmoins, nul besoin d’attendre Facebook pour prendre des initiatives dans ce domaine. Vous avez probablement commencé à aller sur les réseaux sociaux parce qu’ils semblaient amusants ou pratiques. Si ce n’est plus le cas, alors il est peut-être bon de vous interroger sur les plateformes et les interactions qui sont bonnes pour vous, et celles qui ne le sont plus, et de procéder à quelques ajustements en conséquence.

Et bien sûr, il existe toujours l’option-qui-ne-veut-dire-son-nom. Comme le souligne Mark Stockley de Naked Security, si vous quittez Facebook ou les réseaux sociaux, “vous risquez de passer à côté de “quelque chose” qui pourrait vous être bénéfique, mais vous ne manquez certainement pas “quelque chose” que l’homo sapiens à ignorer, en s’en passant tout simplement, et ce depuis plus de 150 000 ans” !


Billet inspiré de Facebook admits that social media can be bad for you, sur Sophos nakedsecurity.