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Suite à des lynchages, WhatsApp limite le transfert de messages

WhatsApp, propriété de Facebook, a annoncé qu'elle allait lancer un test pour limiter le transfert de messages qui alimente les fake-news, qui ont été particulièrement violents en Inde. Au cours des 18 derniers mois, il semblerait que 33 personnes aient été tuées et au moins 99 blessées dans 69 cas de lynchages.

Ne laissez pas ces personnes dans [la] voiture rouge s’enfuir. Ce sont des kidnappeurs d’enfants.

Comme The Indian Express l’a mentionné plus tôt ce mois-ci, ce message a été envoyé à des groupes WhatsApp, accompagné d’une vidéo montrant quatre hommes en train de distribuer du chocolat à des écoliers.  En l’espace de 30 minutes, l’un des hommes, Mohammed Azam Ahmed, un ingénieur logiciel de 32 ans chez Accenture à Hyderabad, a été lynché. Ses trois compagnons ont été grièvement blessés, un inspecteur de police a eu la jambe cassée et cinq autres policiers, qui essayaient de protéger les victimes, ont subi des blessures à la tête causées par une foule de villageois qui lançaient des pierres.

Il ne s’agit que de l’événement le plus récent dans une crise de fake-news qui a frappé l’Inde, et qui a vu ces derniers mois des dizaines de lynchages, commis par la foule, déclenchées par des rumeurs propagées de manière virale sur les réseaux sociaux. Selon Business-Standard, au cours des 18 derniers mois, 33 personnes ont été tuées et au moins 99 blessées dans 69 cas de lynchages.

Au moins 18 de ces incidents ont été spécifiquement liés à WhatsApp.

Jeudi, l’entreprise, propriété de Facebook, a annoncé qu’elle allait lancer un test pour limiter le type de transfert de messages qui alimente cette folie des fake-news, qui a été particulièrement violente en Inde, et qui a coûté la vie à des dizaines de personnes dans des pays comme le Myanmar et le Sri Lanka.

WhatsApp a déclaré dans un blog post qu’il allait limiter le transfert de messages à l’intention de “tout le monde” en utilisant WhatsApp. Cette limite sera plus restrictive en Inde, où les gens transmettent plus de messages, de photos et de vidéos que dans n’importe quel autre pays dans le monde, a déclaré WhatsApp. En Inde, l’entreprise va tester une limite basse de 5 discussions à la fois, et supprimera également un bouton de transfert rapide aux côtés des messages médias.

Heureusement, cette initiative aidera l’application de messagerie chiffrée et gratuite à retrouver sa mission initiale, qui selon WhatsApp a toujours été d’être : “un moyen simple, sécurisé et fiable de communiquer avec la famille et les amis”.

Nous pensons que ces changements, que nous continuerons d’évaluer, aideront WhatsApp à rester ce qu’il est censé être depuis le départ, à savoir : une application de messagerie privée.  

Ce n’est pas la première mesure que WhatsApp a prise pour lutter contre les conséquences des fake-news en Inde. Une semaine plus tôt, WhatsApp avait publié des publicités pleine page dans les principaux journaux indiens dans le but de conseiller les gens sur la manière de repérer les fausses informations.

La police a déclaré avoir retracé le message WhatsApp qui a abouti à la mort récente de Mohammed Azam Ahmed. Elle prétend que celui-ci proviendrait d’un agriculteur qui était l’administrateur d’une demi-douzaine de groupes WhatsApp. Il fait partie de la trentaine de personnes qui ont été arrêtées jusqu’à présent.

The Indian Express a cité Dilip Sagar, Circle Police Inspector (CPI) du Kamalnagar Circle :

[L’agriculteur] a envoyé ce message provocateur à des groupes WhatsApp à Murki et dans les villages environnants, stipulant que ces hommes étaient des kidnappeurs d’enfants et ne devraient pas être épargnés, déclenchant ainsi une véritable chasse à l’homme et l’agression de ces derniers.

Son message a été à l’origine de cette attaque.  Vraisemblablement, la police détient le téléphone à partir duquel le message a été envoyé, ou l’un des téléphones qui l’a reçu, car comme WhatsApp lui-même l’a clairement indiqué dans ses batailles judiciaires en cours avec divers gouvernements, elle ne peut pas voir le contenu des conversations de ses utilisateurs. L’un de ses arguments commerciaux le plus important, à savoir le chiffrement de bout en bout, garantit effectivement une telle revendication.

Pour autant, cette garantie de protection de la vie privée n’a pas empêché certains pays d’essayer d’interdire les applications de messagerie chiffrées telles que WhatsApp, ou de suggérer d’intégrer des backdoors au sein de ces applications.

Fidèle à elle-même, l’Inde menace de tenir WhatsApp pour responsable de la violence déclenchée par les fake-news. Pas réellement impressionnée par l’annonce faite par WhatsApp concernant la réduction drastique de la capacité de transfert de messages, le ministère indien de la technologie de l’information a publié jeudi une déclaration disant que WhatsApp pourrait faire l’objet d’une action en justice dans cette affaire.

Khaleej Times a cité la déclaration suivante :

La circulation incontrôlée et massive de messages irresponsables sur leur plateforme n’a pas été traitée de manière adéquate par WhatsApp. Lorsque les rumeurs et les fake-news sont propagées par des colporteurs de rumeurs malveillants, le média utilisé pour une telle propagation ne peut échapper à sa responsabilité et à ses obligations.  

Si [WhatsApp] reste un spectateur muet et passif, il sera potentiellement considéré comme complice et pourra par la suite être poursuivi en justice.  

Comme d’autres pays avant lui, le ministère indien des technologies de l’information a également fait appel à WhatsApp pour permettre la “traçabilité” des messages provocateurs ou incendiaires lorsqu’une demande officielle est faite.

Au moment de la rédaction de cet article, WhatsApp n’avait publié aucune déclaration concernant la menace potentielle d’une action en justice.


Billet inspiré de WhatsApp limits message forwarding in response to lynchings, sur Sophos nakedsecurity.

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