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Demandeurs de visa américain : l’historique de vos activités sur les réseaux sociaux sera demandé !

Depuis 2016, le gouvernement américain demande aux voyageurs des renseignements sur leurs comptes de réseaux sociaux. A présent, suite à une requête de l'agence des douanes et de la protection des frontières (CBP), il en veut beaucoup plus...

…comme l’historique de vos activités sur les réseaux sociaux au cours des cinq dernières années. Cette requête est maintenant un champ facultatif concocté par l’agence des douanes et de la protection des frontières (CBP) du Département de la sécurité intérieure (DHS), et ce malgré le côté méprisant, ridicule et abjecte de cette demande, pointée du doigt par certains qui ont tout de même fait remarquer que…

  • Les personnes “malveillantes” ne partagent pas leurs plans secrets d’attaques terroristes sur les réseaux sociaux (avec néanmoins au moins une exception notable).
  • Rien n’empêcherait les malfaiteurs de mentir à propos de leur présence sur les médias sociaux ou de fournir de faux noms de compte, voire même de faire porter le chapeau à d’autres en fournissant les handles sur les réseaux sociaux de ces deniers (au-delà du fait que mentir au gouvernement fédéral est illégal).
  • Les organisations de défense des droits et des libertés civiles considèrent cette demande comme “hautement envahissante” et “inefficace”.
  • Les agents ne mentionnent généralement pas que remplir un champ particulier au sein d’un formulaire est “facultatif”.
  • Beaucoup de voyageurs sont assez intimidés pour considérer qu’ils auront l’air suspect s’ils ne remplissent pas tous les champs, et/ou viennent d’un pays où la mention “facultatif” signifie en réalité “obligatoire”.
  • Le “facultatif” n’est qu’un tremplin vers l’”obligatoire”.

Revenons sur ce dernier point concernant le tremplin. L’administration Trump ne s’est pas débarrassée de la partie “facultative”, bien que l’actuel chef d’état-major de Trump, John F. Kelly, ait déclaré au Congrès l’année dernière qu’il souhaitait que le DHS (il était lui-même secrétaire du DHS à l’époque) demande les identifiants et les mots de passe de potentiels immigrés en provenant de sept pays à majorité musulmane.

La requête de Kelly n’a abouti à rien, mais maintenant l’administration Trump a proposé de transformer ce tremplin en une initiative beaucoup plus grande.

Vendredi, le Département d’Etat a proposé d’élargir la demande actuelle concernant les informations sur les réseaux sociaux, nécessaire aujourd’hui pour demander un visa d’immigré. Vous pouvez lire sa proposition sur le Federal Register.

Si, après au moins une période de consultation publique de 60 jours, la proposition entre en vigueur, on estime que 14 millions de demandeurs de visa non-immigrés par an seraient invités à fournir leurs “identifiants” sur les médias sociaux sur plusieurs plateformes sociales populaires, et ce pour les cinq années précédant la date de la demande de visa non-immigré.

Ils auront également la possibilité de fournir des informations sur les plateformes de réseaux sociaux qu’ils ont utilisées au cours des cinq dernières années, en plus de celles figurant sur la liste du Département d’Etat. Le ministère cherche également à recueillir des numéros de téléphone, des adresses email et des informations sur des voyages internationaux au cours des cinq dernières années, que le demandeur ait été expulsé d’un pays ou renvoyé d’un autre, et que des membres de sa famille aient participé à des activités terroristes.

Le New York Times affirme que la liste du Département d’État compte 20 plateformes sociales, dont les plateformes suivantes basées aux Etats-Unis : Facebook, Flickr, Google+, Instagram, LinkedIn, Myspace, Pinterest, Reddit, Tumblr, Twitter, Vine et YouTube. Il répertorie également les plateformes basées à l’étranger : les sites chinois Douban, QQ, Sina Weibo, Tencent Weibo et Youku, le réseau social russe VK, Twoo (créé en Belgique), et Ask.fm, une plateforme de questions-réponses basée en Lettonie.

Les citoyens de ces pays auxquels les États-Unis accordent habituellement des visas gratuits, notamment l’Australie, la Grande-Bretagne, le Canada, la France, l’Allemagne, le Japon et la Corée du Sud, ne seraient pas concernés par ces nouvelles règles. En outre, les visiteurs voyageant avec des visas diplomatiques et officiels seront “pour la plupart” exemptés, selon le NYT.

Ce plan a été accueilli, encore une fois, avec des critiques.

Anil Kalhan, un professeur agrégé de droit à l’Université Drexel, qui travaille sur l’immigration et les droits de l’homme internationaux, l’a appelé “inutilement intrusif et au-delà du ridicule” sur Twitter.

Le NYT a cité Hina Shamsi, directrice du National Security Project au sein de l’American Civil Liberties Union :

Cette tentative de recueillir une quantité massive d’informations sur l’activité des médias sociaux de millions de demandeurs de visa est encore une nouvelle initiative inefficace et profondément problématique de l’administration Trump. Elle portera atteinte aux droits des immigrés et des citoyens américains en bafouant la liberté de parole et d’association, en particulier parce que les gens devront maintenant se demander si ce qu’ils disent en ligne sera mal interprété ou mal compris par un fonctionnaire du gouvernement.  

Le Département d’Etat a dit dans une déclaration que la proposition est un moyen de lutter contre “les menaces émergentes”.

Maintenir des normes de sélection rigoureuses pour les demandeurs de visa est une pratique dynamique qui doit s’adapter aux menaces émergentes. Nous demandons déjà des informations de contact limitées, l’historique des voyages, les informations sur les membres de la famille et les adresses précédentes de tous les demandeurs de visa. La collecte de ces informations supplémentaires auprès de ces derniers renforcera notre processus de validation de ces candidats et de confirmation de leur identité.  

Le Département d’Etat accepte les commentaires jusqu’au 29 mai. Si vous souhaitez donner au gouvernement votre avis au sujet de cette proposition, vous pouvez les transmettre avec quelques explications au sujet de vos motivations sur la regulations comment page.


Billet inspiré de Hand over your social media history before you enter the US, sur Sophos nakedsecurity.