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Des victimes de violences sexuelles dénoncées sur les réseaux sociaux : la coupable condamnée !

Au Royaume-Uni, Sophie Turner a été reconnue coupable de harcèlement et de la publication des noms de victimes d'agression sexuelle, après avoir dénoncer des victimes de violences sexuelles sur les réseaux sociaux.

Une jeune femme de 18 ans, au Royaume-Uni, a été accusée d’avoir publié les noms de deux victimes de violences sexuelles sur les réseaux sociaux.

Un journal local, le Liverpool Echo, a rapporté que Sophie Turner, originaire de Merseyside, a été reconnue coupable de deux chefs d’accusation de publication de noms de victimes d’agression sexuelle et de deux chefs d’accusation de harcèlement.

Turner aurait posté des messages en juillet dernier, à propos de deux adolescentes abusées, et après la condamnation des deux hommes qui les avaient agressées. Elle est maintenant en liberté sous caution, et doit comparaître devant le tribunal de première instance de Liverpool le 7 mars.

Le journal Echo déclare que c’est la première fois qu’une personne est accusée de ce type de crime dans le Merseyside, mais ce type de crime n’est en revanche pas une première au Royaume-Uni.

En effet, un autre cas concernait le tristement célèbre viol pour lequel le footballeur Ched Evans avait été condamné en 2012 (la première condamnation avait été annulée lors d’un nouveau procès). Dix personnes avaient été accusées d’avoir mentionné la victime sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook et Twitter.

Selon The Guardian, certains des accusés ont déclaré que la victime “criait au viol” en citant son propre nom. Un tweet déclarait : “Elle est responsable de sa propre chute. Trouvons son adresse”.

Comme dans de nombreux autres pays, la dénomination publique des victimes de viol est illégale au Royaume-Uni. Les victimes de violences sexuelles ont droit à l’anonymat à vie en vertu de la loi de 2003 sur les délits sexuels. Une telle interdiction ne concerne pas seulement les médias. En effet, n’importe qui peut être condamné pour avoir identifié une victime.

La raison pour laquelle le nom des victimes doit rester secret est que les crimes sexuels sont déjà largement sous-dénoncés : en 2012, la British Crime Survey a constaté qu’environ 89% des victimes de viol n’avaient pas signalé le crime à la police. De plus, le taux de condamnation est minime : un récent documentaire sur le viol rapporte que seulement 3% des viols au Royaume-Uni débouchent sur une inculpation. Les victimes affirment qu’on les tient pour responsable pour le crime en question, ou bien simplement qu’on ne le croit pas. L’anonymat est un moyen de lutter contre cet affreux sentiment de culpabilité ressenti par les victimes, qui s’avère être humiliant, et qui contribue au fait que les crimes restent non déclarés, laissant ainsi les criminels en liberté et non-jugés.

Cependant, être jugé et condamné par une foule d’internautes sur les médias sociaux affecte un groupe de personnes beaucoup plus variés, et bien au-delà des seules victimes de violences sexuelles. Les victimes elles-mêmes, en particulier aujourd’hui avec les affaires liées à Harvey Weinstein, ont été amenées à mentionner leurs agresseurs sur les réseaux sociaux, plutôt que de signaler les crimes à la police.

Comme l’a rapporté Vice, l’accusé et l’accusateur ont tous les deux plus à perdre ici : en effet, les accusés ont été harcelés, sans avoir l’occasion de répondre à leurs accusateurs devant un tribunal. Les accusateurs, quant à eux, en omettant l’anonymat et un signalement à la police, et en publiant leurs comptes, ont réduit à néant leurs chances d’obtenir un jury impartial, si l’affaire devait être portée devant les tribunaux.

La surexposition sur les réseaux sociaux a même transformé un innocent et discret père de famille en véritable paria : cet odieux personnage qui a été attaqué sur Facebook pour avoir pris des photos d’enfants dans un centre commercial (il prenait en fait un selfie avec une réplique de Darth Vader pour montrer à ses enfants) nous revient forcément à l’esprit…

…et après que la vérité ait été rétablie, la femme à l’origine de ce lynchage est elle-même devenue une véritable paria !

Parfois, du moins en ce qui concerne Facebook, Twitter et le reste, le silence est d’or !

Parfois, si ce n’est tout le temps, et pour diverses raisons d’ailleurs, il est préférable de garder les noms des personnes, leurs photos et nos hypothèses personnelles hors des réseaux sociaux.


Billet inspiré de Social media namer and shamer charged, sur Sophos nakedsecurity.