Partager des rumeurs sur Twitter, sans en vérifier la véracité, c’est déjà un risque. Pourtant, bon nombre d’utilisateurs prennent ce risque en le mesurant plus ou moins ;
Lorsqu’un risque même cyber semble « mineur » beaucoup d’entre nous acceptent le risque. Mais le mesurons-nous vraiment lorsque celui-ci s’inscrit au sein d’une large communauté d’utilisateurs de réseaux sociaux ? C’est une des questions que posent les fake news ou « fausses informations ». Des rumeurs rien de plus disent certains. Pas si simple.
Ces dernières semaines ont montré notamment en France lors de la dernière campagne présidentielle que la reprise massive d’informations non vérifiées, souvent fausses aurait pu avoir des conséquences sur les résultats des élections. Autre aspect, des documents « fabriqués » présentés comme vrais accompagnent ces messages sur les réseaux sociaux. On touche là au « doublement faux » avec une réelle volonté de tromper les « internautes lecteurs ».
Ces procès largement pratiqués depuis des années contre des organes de presse touchent aujourd’hui certains « auteurs 4.0 » sur les réseaux sociaux.
Le phénomène intéresse des experts des médias en plus des éditeurs de solutions de sécurité. C’est un sujet d’étude pour une association, Public Data Lab, un réseau interdisciplinaire de chercheurs, qui vient de publier son premier résultat : un guide de la désinformation, lors du International Journalism Festival , qui rassemble des milliers de journalistes d’Europe et du monde à Perugia, en Italie (1).
Comment tracer la désinformation via les “fake news ” ?
Quelles sont les sources de production ? Quels sont les leviers de circulation et de réception de la désinformation sur le web et les plates-formes numériques ?
Destiné aux journalistes, aux chercheurs, aux étudiants, aux organisations de la société civile et aux institutions publiques, le guide proposé par Public Data Lab cartographie les fausses nouvelles puis les analyse en termes d’impact.
Notons que du coté des éditeurs de solutions de filtrage des données, voire de l’information, les fake news constituent historiquement une suite presque « logique » d’autres tentatives « d’intoxication » via des « faux ». Dans la lignée des malwares après les vers et virus, les ransomwares (faux mails pour véritables escroqueries avec demande de rançon) connaissent une « belle » réussite à en juger par les sommes générées par les cyber-pirates. Les éditeurs de solutions de sécurité connaissent aussi les faux AV : une fois le faux antivirus téléchargé sur le poste de l’utilisateur, le logiciel envoie des messages d’intimidation. L’utilisateur, peut souvent se trouver piéger pensant que son système a été infecté.
Aujourd’hui, l’usage de faux s’industrialise sur Internet. La riposte s’organise. Plusieurs journalistes et organisations médiatiques testent déjà, utilisent et explorent les approches décrites dans le guide du Public Data Lab. Des enquêtes sont menées pour comprendre voire dénoncer les méthodes des trackers publicitaires utilisés sur les sites propageant des fake news. Ces actions existent individuellement. Toutefois des collaborations pour un Internet « clean » se mettent en place. Ainsi le projet Public Data Lab a été développé en collaboration avec First Draft, une initiative visant à améliorer les compétences et les normes sur le partage d’informations en ligne.
D’autres recettes sur les bots , trolls, “fact-checking “… sont également étudiées.
Article invité de Jean-Philippe Bichard – www.cyberisques.com – Journaliste IT Cybersécurité / Data Protection
1 – Le guide “Field Guide to Fake News ” qui vient d’être publié par le Public Data Lab vise à enrichir le débat public et stimuler les réponses au phénomène des fausses nouvelles en ligne. L’étude du Public Data Lab s’appuie sur des méthodes et des approches novatrices pour tracer la production, la circulation et la réception de la désinformation sur le Web et les plates-formes numériques.
La première version du guide contient trois recettes méthodologiques pour:
- cartographier les lieux de diffusion des fausses nouvelles sur Facebook ;
- tracer leur circulation sur le Web
- révéler l’économie des fausses nouvelles par l’analyse des trackers publicitaires