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Bloquer le porno en ligne : mission impossible ?

Bloquer le porno en ligne: mission impossible?

Les gouvernements continuent de s’attaquer au porno en ligne comme étant un problème politique et technologique. La dernière tentative vient des Philippines, où la Commission nationale des télécommunications du gouvernement a confirmé à CNN qu’elle avait bloqué l’accès à certains sites pornographiques

L’agence se concentre sur des images pédopornographiques, qui sont interdites en vertu du Republic Act 9775 en vigueur dans ce pays. Cependant, des rapports mentionnent qu’elle bloque également plusieurs des plus grands sites pornos pour adultes sur le web.

Tous les FAI ont reçu l’ordre de bloquer certains sites, a indiqué l’agence. Selon certains rapports, PornHub, Xvideos et Red Tube figuraient parmi ceux bloqués par les réseaux de données cellulaires Smart et Sun. Des chats en ligne ont révélé que certains FAI permettaient encore le visionnage par quelques internautes. Ainsi, cette situation met en évidence l’un des problèmes concernant le blocage du porno en ligne : cela n’est pas simple à mettre en œuvre !

Le gouvernement philippin n’est pas le seul à s’être heurté aux difficultés de la censure du porno en ligne. D’autres ont pris des mesures similaires ces dernières années, mais pas pour les mêmes raisons. L’Egypte a bloqué le porno en ligne en 2011, et en 2015, l’Inde a ordonné aux FAI de bloquer 850 sites, dont la plupart étaient pornographiques, mais d’autres ne l’étaient pas, comme par exemple CollegeHumor.com.

En décembre, le Bangladesh a bloqué 560 sites. La Russie a mis un coup d’arrêt à Pornhub et YouPorn en Septembre dernier, et dans une tentative de mise en garde virtuelle plutôt étrange, son régulateur Roskomnadzor a conseillé aux utilisateurs de “rencontrer quelqu’un dans la vraie vie”.

Certaines attaques gouvernementales contre le porno en ligne semblent néanmoins sporadiques, sans doute motivées par des cas spécifiques d’abus ou par des réactions politiques. Par exemple, le Pakistan a lancé occasionnellement des initiatives, et plus récemment l’an passé quand il a fermé 400 000 sites. La vague actuelle de blocage de sites orchestrée par le gouvernement philippin semble liée à la circulaire N° 01-01-2014, une note d’avertissement adressée aux FAI en leur demandant de bloquer les sites, qui avait été émise par le NTC 3 années plus tôt.

Aux États-Unis, les sénateurs ont proposé un projet de loi qui bloquerait le porno en ligne sur les ordinateurs vendus dans certains États, à moins que les utilisateurs ne paient une taxe de 20 $.

En 2013, le Royaume-Uni a introduit une approche se basant sur l’activation d’une option, forçant des millions d’utilisateurs à demander explicitement d’être exclus des filtres “family-friendly”. En moyenne, parmi quatre fournisseurs majeurs de services, un titulaire de compte sur huit a choisi de filtrer son trafic, selon un rapport de l’Ofcom, l’organisme de réglementation des télécommunications.

En octobre, Israël a approuvé un projet de loi ayant des objectifs similaires.

Le gouvernement britannique a déclaré qu’il était inquiet pour les enfants qui pouvaient être exposés au porno en ligne, et a fait la promesse de bloquer à l’avenir les sites pornos via le British Board of Film Classification, en tenant compte de l’âge. Le gouvernement a amendé son projet de loi sur l’économie numérique en novembre avec ces nouvelles règles, ce qui permettra au BBFC de demander aux FAI de bloquer l’accès aux sites pornos qui ne vérifient pas correctement l’âge de l’utilisateur.

Cependant, ce n’est pas tout. En effet, les personnes contre une telle censure s’inquiètent d’une disposition du projet de loi britannique qui permet à la BBFC de bloquer complètement le porno en ligne qui sera considéré comme “non conventionnel”. Quelle est la définition du porno non conventionnel ? Le BBFC, qui suit généralement la loi sur les publications obscènes de 1959, a déjà interdit de nombreux comportements au niveau des services de vidéos pornographiques à la demande (VoD), et une liste a été publiée.

Le défi du blocage du porno en ligne

Des livres ont été écrits sur la morale dans le porno, et sur les rôles joués par les gouvernements par rapport à cette dernière, mais nous n’en parlerons pas ici. Une question plus importante doit être soulevée : ce blocage peut-il être réellement efficace en premier lieu ?

Peu de gens supporteraient de voir des enfants regarder du porno en ligne, mais vérifier l’âge des internautes est un problème délicat. Parmi les suggestions, on peut citer la carte de crédit ou le cross-check avec le registre électoral, qui pourrait créer des opportunités de fraude et dissuader les internautes adultes qui ne veulent pas être identifiés en surfant gratuitement sur des sites pornos.

Le blocage de tous les sites porno est une tâche aussi très délicate. Maintenir à jour la liste en constante évolution des sites porno sur internet serait vraiment difficile, et les recherches par mot-clés sont peu précises. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle le magazine d’histoire populaire canadien ne s’appelle plus The Beaver ! (nous vous laissons rechercher la traduction exacte !).

Alors qu’est-ce qu’il nous reste? L’intervention humaine? Potentiellement dommageable. L’apprentissage automatique ? Peut-être pas prêt pour une utilisation à grande échelle. Facebook, qui a utilisé un mélange d’IA et d’interventions humaines, n’est pas forcément un bon exemple de réussite dans ce domaine.

Les censeurs font également face à un autre problème : les VPN et les réseaux de navigation anonymes, que les internautes peuvent facilement utiliser pour contourner les protections locales du contenu. Et cela semble être réellement le cas !

Dans un article “safe-for-work” publié sur son blog, le site porno XHamster souligne que la Thaïlande, la Turquie, les EAU, la Chine, la Malaisie, le Kazakhstan et l’Iran ont bloqué ses sites. La Thaïlande a eu plus de 125 millions de visites sur le site en 2016, et le nombre le plus faible de visites, en provenance d’Iran, a tout de même dépassé les 8 millions. Les visites russes ont chuté de deux tiers après que le pays ait initialement interdit les visites sur le site XHamster en 2015, mais les Russes ont encore jeté un œil rapide sur le site plus de 73 millions de fois l’année dernière !

L’autre problème auquel les gouvernements doivent faire face, en matière d’images pédopornographiques, est bien sûr le contenu du Dark Web. Dans son rapport de 2015 l’Internet Watch Foundation met en évidence une grande quantité de contenu pédopornographique sur Internet, mais il montre également une augmentation marquée de l’utilisation de services cachés sur le Dark Web pour héberger des images à caractère pédopornographique. Il a trouvé 79 nouveaux services cachés offrant cette catégorie de contenu en 2015, soit une hausse de 55% par rapport à 2014. Ainsi le blocage des sites sur le Web n’aidera pas à résoudre ce problème.

Les gouvernements qui ont vraiment compris le problème devront bloquer les services proxy et les réseaux comme Tor, ce qui est difficile à faire et désastreux pour le respect de la vie privée et la liberté d’expression. En effet, quand beaucoup de gens peuvent les utiliser pour des actions illégales, d’autres utilisent ces réseaux anonymes pour des échanges à caractère légal, parmi eux des personnes très vulnérables sur internet.

Les gouvernements ont des motifs différents pour censurer les sites pour adultes, dont certains convergent d’ailleurs. Quels que soient leurs motifs, ils se sont engagés dans un combat très difficile, que ce soit concernant les divers degrés à prendre en compte, l’aspect politique très sensible et enfin l’aspect technologique pour rendre cette action possible. Il ne s’agit pas d’une mission que beaucoup accepteraient volontiers. Il se peut même que cette mission soit tout simplement impossible !

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Billet inspiré de The trouble with online porn: it’s impossible to block, par Dany Bradbury, Sophos NakedSecurity.

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