Le microbiome : l’empreinte microbienne pour vous identifier !
Une révolution est en marche en ce moment dans le domaine de la biométrie.
Cependant la technologie permettant l’identification des individus, par le biais de la biologie, se développe plus rapidement que notre capacité à comprendre les implications potentielles sur notre vie privée.
Les mots de passe, qui ont montré à maintes reprises leurs vulnérabilités d’un point de vue de la sécurité, sont régulièrement remplacés par des empreintes digitales, de l’iris, vocales ou faciales.
Les dessins formés par nos veines, le rythme des battements de notre cœur, notre pensée et notre propre odeur, ont fait l’objet d’investigation, afin de trouver des nouvelles alternatives pour le processus d’authentification.
A présent, la recherche pense que nous sommes identifiables, de manière unique, par notre peau, par les cellules, les microbes et les bactéries avec lesquelles nous interagissons en permanence.
Chaque fois que nous éternuons, que nous toussons, que nous avons des gaz, que nous nous égratignons ou encore que nous touchons quelque chose, nous laissons derrière nous des traces de nous-mêmes, sous la forme de bactéries et de microbes qui vivent à l’extérieur et à l’intérieur de notre corps. Les scientifiques appellent l’ensemble de ces données : le microbiome.
Dans un article, récemment publié, un groupe de chercheurs a décrit comment ils avaient collectés des échantillons d’air biotique (air de vie), et ainsi construit le microbiote pour 11 individus au sein d’un environnement contrôlé. Le résultat a montré que chaque individu avait un microbiome unique d’un point de vue génétique.
Les recherches menées, ont mis en évidence la possibilité que ce microbiome puisse un jour être utilisé pour nous identifier et définir notre profil.
Des recherches similaires menées par l’Argonne National Laboratory (faisant partie du département américain de l’Energie), étudient la manière avec laquelle le microbiome pourrait être utilisée dans les affaires criminelles par la police technique et scientifique. Par exemple, en disposant les gens sur une scène de crime grâce aux microbes qu’ils auront laissés derrière eux.
Jack Gilbert, le chercheur responsable de l’étude au sein du laboratoire Argonne, a déclaré au Time, que dans un avenir proche, le microbiome pourrait avoir, pour les enquêteurs, la même importance que l’empreinte digitale aujourd’hui :
Bien sûr, ce type d’identification nécessitera la création de bases de données renfermant les signatures microbiennes (il existe déjà une telle base de données microbiennes, en cours de construction par le Earth Microbiome Project, mais qui en est à ses balbutiements).
Il se peut que cela prenne encore beaucoup de temps, déclare Gilbert, mais il veut aller de l’avant, en créant une base de données axée sur le microbiome, pour être utilisée dans les affaires criminelles.
Rassembler et stocker l’ADN au sein de bases de données, pose le problème de la confidentialité et du respect de la vie privée : les échantillons d’ADN peuvent contenir beaucoup d’informations personnelles : des origines ethniques jusqu’à la race de la personne, en passant par le type de maladies qu’elle serait susceptible de développer.
Le FBI détient la plus importante base de données de ce type dans le monde : la National DNA Index, qui contient plus de 14 millions de profils appartenant à des délinquants et autres criminels.
Aux Etats-Unis, plusieurs états et leurs services de police locale, ont depuis des années déjà entrepris la création de leur propre base de données ADN de suspects, sans la moindre réglementation ou transparence, sur la manière avec laquelle ces informations seront utilisées, ni pendant combien de temps elles seront conservées.
Jusqu’à maintenant, les efforts judiciaires pour freiner la capture de données biométriques ont échoué pour tenter de stopper cette machine devenue hors contrôle.
En Mars 2015, la cour suprême des Etats-Unis a refusé de juger une affaire : Raynor contre l’état du Maryland, laquelle aurait pu reconnaître comme illégale la collecte de données génétiques, sans mandat préalable.
Le plaignant, Glenn Raynor, avait protesté contre le rejet de sa plainte, car la police avait collecté son ADN sans consentement, ni avertissement préalables. Il revendiquait, alors, une violation du quatrième amendement.
Raynor, suspect dans une affaire criminelle, avait accepté d’être interrogé au poste de police, mais avait refusé de se soumettre aux prélèvements ADN.
Sans preuve, la police ne pouvait donc pas l’arrêter et il a été relâché. Cependant, la police a tout de même réussi à collecter son ADN, en prélevant des cellules de peau sur la chaise sur laquelle il était assis. ils ont finalement utilisées ces analyses ADN pour faire le lien entre lui et le crime en question.
L’Electronic Frontier Foundation (EFF) a déclaré à la cour, par le biais d’un amicus curiae, que Raynor avait “par inadvertance égaré” de l’ADN renfermant des données personnelles, qui devait être protégées contre tout examen ou saisie abusifs.
Sans limite raisonnable définie au préalable, concernant la capacité de la police à collecter de l’ADN, allons-nous nous retrouver dans une société à la surveillance toujours plus envahissante, où la police peut collecter de l’ADN, sur n’importe qui et à n’importe quel moment, a déclaré au sujet du cas Raynor, Jennifer Lynch l’avocat de l’EFF.
Au minimum, nous devrions avoir les mêmes droits pour la protection de notre ADN, que pour la protection des autres .
Le Genetic Information Nondiscrimination Act, fourni des protections contre la discrimination, mais ne protège pas réellement la vie privée.
En Europe, les tribunaux et les lois ont tendance à protéger davantage la vie privée qu’aux Etats-Unis. La cour européenne des droits de l’homme avait déclaré en 2008, la collecte massive d’ADN par le Royaume Uni comme illégale.
Nous devons agir rapidement.
Comme la quantité de données nous concernant ne fait qu’augmenter, en parallèle du développement continu des technologies pour les collecter et les analyser, les gouvernements et les industries semblent ne pas porter beaucoup d’intérêt à la mise en place de restrictions concernant l’utilisation de ces données.
Billet inspiré de : “Your personal cloud of microbes could one day be used to profile you” par John Zorabedian de Naked Security
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