De temps en temps, un thème/message particulièrement axé sur la famille fait le tour des réseaux sociaux. Celui-ci encourage les parents et les enseignants à inciter les enfants à utiliser un moteur de recherche sécurisé et dédié, appelé Kiddle.
La dénomination Kiddle signifie qu’il s’agit d’un “moteur de recherche visuellement sûr pour les enfants”. Il existe depuis quelques années et n’est certainement pas le seul moteur de recherche commercialisé comme étant adapté aux enfants, des services similaires existent, tels que Kidrex par exemple.
Pour être plus clair, ni Kiddle ni Kidrex ne réinventent l’univers des moteurs de recherche et, malgré ce que certains sous-entendent, ni l’un ni l’autre ne sont la propriété de Google. Ils utilisent simplement des versions très personnalisées du moteur de recherche de Google, en allant au-delà de SafeSearch afin de rendre les recherches sur Internet aussi sécurisées que possible pour les plus petits.
En fait, il y a quelques années, Kiddle a été accusé de rendre son moteur de recherche trop exclusif, lorsqu’il a notamment supprimé les termes liés aux LGBT de ses pages de résultats. Kiddle a alors corrigé son moteur de recherche afin que les termes LGBT, sans danger pour les enfants, apparaissent dans leurs recherches.
Pourquoi se préoccuper de moteurs de recherche “adaptés aux enfants” ?
L’idée des moteurs de recherche adaptés aux enfants, tels que Kiddle, est d’utiliser les options de Google SafeSearch ainsi qu’une couche épaisse constituée d’autres filtres pour éliminer les résultats des moteurs de recherche concernant certains sites web ou certaines images potentiellement inappropriés. Cela semble être un cadeau du ciel pour les enfants qui apprennent à utiliser Internet à la maison ou pour les étudiants qui ont besoin d’avoir accès à Internet de manière légèrement supervisée à l’école.
Kiddle propose également une option de recherche “Kimages”, qui renvoie des images qui sont toutes libres d’être utilisées sous la licence Creative Commons Attribution-ShareAlike (fonctionnalité qui, à vrai dire, pourrait être utile à de nombreux adultes).
En fin de compte, étant donné que ces moteurs de recherche ne traitent pas manuellement chaque résultat de recherche, il est toujours techniquement possible qu’un contenu malveillant ou inadapté puisse passer à travers, et ce malgré la mise en place des filtres les plus stricts.
Par exemple, supposons qu’un jeune enfant ait reçu pour mission à l’école de rechercher son chiffre favori. Supposons que ce nombre soit le 14. Il s’agit d’un chiffre qui a été coopté par des groupes haineux, mais heureusement cet enfant n’en sait rien et nous souhaitons surtout qu’il ne le découvre pas.
Si l’enfant cherche le numéro 14 sur Kiddle, les résultats obtenus sont à la fois appropriés à l’âge et éducatifs :
Si vous effectuez une recherche sur le bon vieux Google avec SafeSearch, le principal résultat concernera l’utilisation de ce chiffre par ces fameux groupes haineux. L’histoire provient d’une source fiable, mais c’est peut-être encore trop d’informations à analyser pour un enfant, surtout s’il est jeune.
Et sur d’autres moteurs de recherche tels que KidRex, les résultats incluent également beaucoup de remplissage avec des tabloïds inutiles et dont la valeur éducative est douteuse :
De tels moteurs de recherche sont en effet d’excellents outils d’apprentissage pour de jeunes enfants qui ont besoin de faire leurs devoirs et leurs recherches en ligne, mais ils ne peuvent pas remplacer une véritable supervision et apprendre à un enfant à être lui-même méfiant sur Internet.
En d’autres termes, les moteurs de recherche adaptés aux enfants ne sont pas sûrs à 100%, mais ils le sont tout de même un peu.
Dans l’exemple ci-dessus, il est très possible qu’un enfant plus âgé cherche ce fameux chiffre pour savoir pourquoi il est “dangereux”, et il est certainement préférable de le découvrir auprès d’une source fiable, qui donne le contexte approprié, plutôt qu’auprès de groupes de haine.
Des problèmes de protection de la vie privée ?
Comme mentionné précédemment, la fonctionnalité de base de ces moteurs de recherche a tendance à être un simple “habillage” sur la base d’une recherche Google personnalisée.
Cela signifie qu’en fin de compte, les serveurs de Google subissent une lourde charge technique. Par conséquent, si vous essayez d’éviter les produits Google, ces moteurs de recherche sécurisés pour les enfants ne vous aideront pas.
Si vous avez un compte Google auquel vous êtes activement connecté, vos requêtes en matière de recherche au niveau de n’importe quel site web utilisant Google seront toujours stockées dans l’activité de votre moteur de recherche au niveau de votre compte Google, et ce grâce à la magie des cookies :
Kiddle n’exige aucun enregistrement et sa politique de confidentialité stipule qu’il ne collecte pas de données personnelles et qu’il efface les logs du serveur toutes les 24 heures. Mais là encore, ces informations sont finalement toutes renvoyées à Google d’une manière ou d’une autre, avec ou sans compte Google.
Si cela vous pose un problème, vous préférerez peut-être utiliser un autre moteur de recherche, comme DuckDuckGo, qui dispose du mode Recherche Sécurisée (Safe Search).
Dans notre test, DuckDuckGo renvoie des options légèrement plus adaptées aux enfants, bien que dans l’ensemble elles soient bien moins instructives, que certaines des options “sans danger pour les enfants” répertoriées ci-dessus lorsqu’elles sont utilisées en mode “Strict” :
En résumé
Pour les jeunes enfants qui ont besoin d’être sur Internet mais qui sont beaucoup trop jeunes pour être livrés à eux-mêmes, et pour les parents et les éducateurs qui veulent que les enfants soient protégés vis à vis de contenus inadaptés à leur âge, ces moteurs de recherche sont un outil très pratique.
Pour les enfants plus âgés, cependant, les résultats de ces moteurs de recherche peuvent être trop restrictifs pour être utiles et ne feront probablement qu’empêcher les enfants d’utiliser d’autres moyens. Un détracteur de Kiddle, qui dit avoir 15 ans et déclare que son école utilisait exclusivement Kiddle et non Google, a écrit que Kiddle était :
encore pire [sic]… c’est trop sécurisé … vous allez sur YouTube et il vous dit “Désolé, essayez encore!”.
Empêcher un adolescent de regarder YouTube à l’école était probablement exactement le résultat recherché, mais espérer que cette stratégie les bloque véritablement à long terme, que ce soit à la maison ou bien quand ils sont seuls, est une pure utopie.
Billet inspiré de Child-friendly search engines: How safe is Kiddle?, sur Sophos nakedsecurity.