Pour les utilisateurs de Facebook qui continuent de croire qu’ils peuvent limiter le suivi de leur vie privée par la plateforme sociale, comme s’il s’agissait d’un limier électronique, sachez que son application Instagram a prototypé un nouveau paramètre de confidentialité permettant le partage d’un historique des positions avec sa société mère !
Il a été découvert pour la première fois par la chasseuse de bug Jane Manchun Wong :
Instagram, as a “Facebook Product”, is testing Facebook Location History in their app.
It allows tracking the history of precise locations from your device, now through instagram app too
previously: https://t.co/JCQGnawJbV pic.twitter.com/S02lyIfTlu
— Jane Manchun Wong (@wongmjane) 4 octobre 2018
Comme vous pouvez le voir dans la capture d’écran de Wong, la section “En savoir plus sur l’historique des positions” du prototype indique que ce paramètre permettra à Facebook de créer un historique des positions précis sur votre appareil, même lorsque vous n’êtes pas connecté à l’application !
Il s’agit de laisser les utilisateurs “explorer ce qui vous entoure”, indique le prototype. Vous pouvez traduire “explorer” par “acheter des objets dans les magasins à proximité à propos desquels nous pouvons vous cibler avec de la publicité”. Les données géolocalisées seront affichées dans l’historique d’activité des utilisateurs, au niveau de leurs profils Facebook, y compris des cartes quotidiennes des endroits où vous avez été.
Il est donc logique que Facebook veuille tirer un maximum de profit publicitaire d’Instagram, que ce soit par le biais de la publicité de masse, de notifications ou en récupérant davantage de données utilisateur. Même l’amende de 122 millions de dollars (environ 105 millions €), infligée par l’Union européenne pour avoir “donné des informations incorrectes ou trompeuses” au sujet de l’acquisition de WhatsApp, n’a finalement été qu’une légère contrariété de plus alors que la plateforme sociale mélangeait des données Facebook et WhatsApp.
Brian Acton, cofondateur de WhatsApp, a récemment révélé qu’il avait quitté la société, acquise par Facebook, en raison d’un désaccord sur la monétisation de WhatsApp : une application dont les cofondateurs étaient connus pour leurs mépris de la publicité. Rappelez-vous de la déclaration d’Acton à ce sujet : “j’ai vendu la vie privée de mes utilisateurs”.
Mais revenons à ce prototype de suivi de l’histoire des positions d’Instagram : un porte-parole de Facebook a déclaré à TechCrunch que rien n’avait changé dans l’application Instagram … pour le moment :
Pour confirmer, nous n’avons pas introduit de mises à jour au niveau de nos paramètres de localisation. Comme vous le savez, nous travaillons souvent sur des idées qui peuvent évoluer avec le temps et ne pas être testées ou intégrées au final. Instagram ne stocke pas actuellement un historique des positions. Nous garderons les utilisateurs informés des modifications apportées à nos paramètres de localisation à l’avenir.
N’est pas encore disponible. Est en cours de test. Pourrait arriver à un moment donné.
Je serais surpris que les services de localisation d’Instagram n’espionnent pas “tôt” ou “tard” nos téléphones. Étant donné que Facebook a déjà dû renoncer à cinq mois de bénéfices en suspendant la sortie de Portal, son gadget intelligent de visioconférence, jusqu’à ce que le scandale Cambridge Analytica s’apaise, je vais m’autoriser un pronostic en estimant que “tôt” est plus que probable.
Une bonne nouvelle : TechCrunch signale que le prototype est désactivé et que Wong a dû activer les services de localisation. Mais attention : ces paramètres sont souvent enfouis si loin que la plupart des utilisateurs, sinon la plupart, ne se lancent jamais dans la recherche approfondie qui permettrait de les désactiver !
Billet inspiré de Instagram tests sharing your location history with Facebook, sur Sophos nakedsecurity.