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Cyberintimidation : des trolls anonymes sur Twitter, pas si anomymes que cela !

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Un tribunal belge a sorti un troll de son anonymat après qu’un homme âgé (son identité n’a pas été révélée au public) ait été reconnu coupable d’avoir mené, prenant 16 mois, une campagne de cyberintimidation visant un auteur connu pour ses prises de position contre le racisme.

La journaliste, Yasmien Naciri, a déclaré au journal flamand De Morgen qu’elle avait appris à vivre avec cette “armée de trolls”, mais que certains d’entre eux étaient allés trop loin. Cet individu faisait partie de l’un d’entre eux.

Entre janvier 2015 et avril 2016, elle a été attaquée plusieurs fois sur le réseau social, Twitter, par le même compte, @Kafirbrigade. Voici un extrait de De Morgen citant Naciri :

Constamment des déclarations racistes et islamophobes, ainsi que du harcèlement, et à un certain moment même des photos de ma maison. 

Comment démasquez-vous un agresseur anonyme ? Très facilement : dans ce cas, comme dans d’innombrables autres cas similaires, un procureur a obtenu l’adresse IP du troll en question auprès de Twitter.

Cela peut paraître évident, mais mieux vaut le répéter encore une fois, étant donné qu’une députée britannique a récemment appelé à la fin de l’anonymat en ligne. Jess Phillips, parlementaire travailliste de Birmingham Yardley, a déclaré qu’elle avait reçu 600 menaces de viol en une nuit, et qu’elle avait été menacée de violence et d’agression chaque jour, et ce après avoir fait campagne pour un internet moins dangereux pour les femmes.

Il n’existe pas de mots pour décrire l’épreuve endurée par Phillips. Mais comme le montre encore le cas des trolls de Naciri, il existe des moyens de démasquer ces derniers et de les traduire en justice sans pour autant priver l’ensemble des internautes de l’anonymat. Une telle situation mettrait clairement leur sécurité en danger, et notamment celle des femmes ayant été harcelées à la fois en ligne et hors ligne.

Quoi qu’il en soit, l’homme se cachant derrière le compte @Kafirbrigade (qui a depuis été supprimé) a nié cette cyberintimidation et les messages racistes devant le tribunal, mais le celui-ci n’a pas cru en ces explications. Il a été condamné le 24 avril à 48 heures de service communautaire.

Selon les chiffres de l’organisme national belge de lutte contre la discrimination, Unia, Twitter ne supprime que 46% des messages contenant des propos haineux, contre 75% pour YouTube et 80% pour Facebook.

Pour sa part, Naciri a déclaré que révéler l’identité de ce troll était important pour elle :

Je voulais juste confronter cette personne et dire ce que je pensais. Nous vivons à une époque digitale et nous devons bien comprendre que des faits punissables hors ligne, le sont aussi en ligne.

C’est absolument vrai. Mais si ces poursuites peuvent constituer un précédent important en Belgique, elles illustrent aussi clairement les obstacles juridiques auxquels ces cas sont confrontés.

Comment sortir les trolls de l’anonymat ?

L’ignorance peut s’avérer être un obstacle majeur dans les enquêtes. Supposons que la police locale ne sache pas comment traiter votre plainte, alors soyez prêt à aller plus loin par vous-mêmes, jusqu’aux organes de lutte contre la discrimination et la cyberintimidation spécifiques à votre pays. Assurez-vous également de signaler ce problème à vos fournisseurs de services internet et/ou téléphoniques ainsi qu’aux plateformes sur lesquelles la cyberintimidation a lieu.

Naciri a déclaré à De Morgen qu’elle avait commencé par déposer une plainte auprès de la police. L’enquêteur avec qui elle a parlé la première fois “connaissait à peine” Twitter, a-t-elle déclaré, “encore moins un troll”.

Il n’a pas vraiment compris l’objet de ma plainte.  

Je te comprends tout à fait, et malheureusement c’est le cas dans beaucoup d’endroits.

Une chose à savoir si vous êtes pris pour cible sur Twitter : la poursuite de ces trolls prend beaucoup de temps. Assurez-vous de recueillir des preuves à mesure que l’enquête et les poursuites judiciaires avancent lentement de leurs côtés.

Pour commencer ce voyage, StopBullying.gov vous donne des conseils sur la manière de signaler un abus en ligne aux États-Unis, par exemple. Bien qu’il fournisse des conseils spécifiques aux États-Unis, comme notamment qui appeler, la plupart d’entre eux sont applicables quel que soit le pays dans lequel vous vous trouvez.

Le groupe conseille aux victimes de recueillir des preuves dès le départ, à partir du premier “Je vais vous bla-bla-bla”, jusqu’au “Qu’est-ce que vous dites, troll ? Je ne vous comprends pas malgré toutes ces captures d’écran que je suis en train de faire”.

Naciri dit qu’elle a bien retenu la leçon et conseille maintenant aux autres victimes de faire systématiquement des captures d’écran des messages des cybercriminels. Gardez à l’esprit que si un troll supprime son compte ou ses messages, il peut être difficile d’obtenir des versions archivées de ses propos malveillants. Mieux vaut les immortaliser tant qu’ils sont bien visibles et le compte actif.

Voici d’autres conseils pour améliorer vos chances de traduire les trolls en justice :


Billet inspiré de Convicted! Anonymous Twitter troll not as anonymous as they thought, sur Sophos nakedsecurity.

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