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Harcèlement sur Twitter : comment tuer un troll ?

harcelement sur twitter

Vous pouvez certainement voir comment Xyla Foxlin attire les trolls grâce aux phéromones qu’elle dégage sur les réseaux sociaux!

Elle est jeune, elle est entrepreneuse dans le domaine de la robotique, elle a créé une start-up (qui vous permet de serrer un enfant dans vos bras partout dans le monde par le biais d’une peluche, imaginez le plaisir que vont ressentir les enfants de militaires). Elle s’est fait remarquer lors de nombreux discours, elle a remporté des prix dans le secteur de la robotique, et elle est apparue dans une pub Microsoft

…et, bien sûr, elle est une femme. Une femme qui assume sa féminité et qui n’a aucun problème avec un maquillage excessif et le stéréotype de la princesse Disney.

Comme elle l’a déclaré dans un article sur Medium, Foxlin a grandi dans un contexte de harcèlement sexuel. Il provenait des membres de l’équipe robotique du lycée quasi exclusivement masculine (dont elle était la capitaine), et qui avait fait irruption dans sa chambre, nue, empruntant alors ses soutiens gorges et ses sous-vêtements, se prenant en photo dans des positions sexuelles explicites, mettant en scène ses propres peluches en train de faire l’amour, et payant un étudiant fraîchement arrivé pour filmer sa réaction à la réception des images en question.

Ce harcèlement a eu lieu également lorsqu’elle a travaillé dans un aéroport local.

Et puis sans oublier ce qu’un pilote lui a lancé quand elle est arrivée avec la citerne de carburant: “M***e, il n’est pas question qu’une gamine ravitaille mon avion !”.  Et puis, bien sûr, il existe ce torrent de frustration et de colère incessant connu sous le nom de Twitter, ou du moins certains recoins les plus sombres de ce média social. C’est là, explique Foxlin, que peu de temps après avoir commencé sa campagne Kickstarter cet été, elle a commencé à recevoir un ramassis de trolls sexistes. Mais un compte en particulier, @anhdochan, était particulièrement violent et haineux.

Vous pouvez voir les captures d’écran que Foxlin a conservé, dans sa publication sur Medium. Ces dernières comprenaient :

Ensuite, et parce que comme le dit Foxlin, “une image vaut mille mots”, il y avait la photo de Foxlin avec des cornes de diable, des mamelons et des flèches pointant vers ses seins, sous-titrée «ESPECE DE SALOPE HAUTAINE».

Mais ce sont les menaces de violences qui ont forcé Foxlin à mettre un terme à cette campagne haineuse.

Foxlin a déclaré à Business Insider qu’au début, elle a fait ce que le réseau social suggère concernant le harcèlement sur Twitter : elle a signalé les tweets à ce dernier via l’outil automatisé de signalement de harcèlement mis en place par l’entreprise.

Mais, en retour, rien ne s’est passé !

Malheureusement, ce type d’histoire est rapporté par beaucoup trop de gens, victimes de harcèlement sur Twitter.

Vous vous souvenez peut-être qu’en février dernier, Twitter avait annoncé qu’il donnerait à présent aux utilisateurs plus de moyens pour signaler le harcèlement ciblé, notamment en prenant des mesures pour identifier les joueurs de “tape-taupes” qui suspendus pour des dérapages et l’ouverture de nouveaux comptes.

En juillet, Ed Ho, general manager “consumer product and engineering department ” chez Twitter, a déclaré que grâce à ces changements, ces nouveaux systèmes au sein de Twitter avaient permis d’éliminer deux fois plus de comptes de récidivistes, les fameux joueurs de tape-taupes, au cours des quatre derniers mois.

Deux fois plus de comptes, “et pourtant”, … !

Le mois dernier, il s’est avéré qu’un bug sur Twitter permettait à tout compte bloqué de continuer à commettre des abus, en créant tout simplement un compte factice additionnel, et en basculant sur ce dernier pour voir les messages de ceux qui les bloquaient, en préparant une réponse, puis en basculant vers leur compte principal, puis en appuyant sur répondre, afin de poursuivre la discussion concernant les tweets de cette personne.

Bien sûr, au-delà de ce bug, le simple fait de bloquer quelqu’un ne l’empêche pas de proférer des menaces violentes. Cela ne protège pas non plus la victime si elle n’a pas conscience de ces menaces. Foxlin en est un parfait exemple : elle a dit avoir besoin de savoir ce que le compte abusif déclarait, et ce pour sa propre sécurité. Le troll était alors passé du stade des insultes à celui des menaces de viol, en passant par le doxing. Le troll a tweeté son adresse en réponse aux utilisateurs de Twitter en mal de sexe, leur disant que Foxlin travaillait dans l’industrie du sexe.

Le compte abusif en question semblait avoir été créé expressément pour cibler Foxlin, étant donné qu’il était dépourvu de tout autre contenu. Ses amis ont également signalé le compte, après quoi ce dernier est devenu privé : en d’autres termes, vous devez suivre le compte pour voir ses messages.

Twitter l’a identifié comme OK, après quoi le compte @anhdochan est redevenu public.

En ce qui concerne le blocage des comptes de récidivistes sur Twitter, un commentaire nous était parvenu, à l’époque où nous avions écrit sur ce sujet, qui déclarait qu’aucune amélioration n’était observable :

Ils ont récemment suspendu mon compte 2 jours après avoir signalé un autre utilisateur qui violait leur TOS, en utilisant 2 comptes relier entre eux afin d’harceler des internautes (les deux comptes ayant servi aussi pour envoyer des DMs en masse, à savoir plus de 70 fois en une heure).  

Les chiffres internes de Twitter ont brossé un tableau beaucoup plus reluisant que la plupart de ses utilisateurs. En effet, ce point a été fortement souligné par un rapport de BuzzFeed, également publié en juillet, sur la manière très lente avec laquelle le média social réagi face aux incidents impliquant du harcèlement sur Twitter, à moins bien sûr qu’ils ne deviennent viraux ou impliquent des journalistes ou des célébrités.

Fondamentalement, quand il s’agit d’inciter Twitter à porter une attention particulière à ses propres règles concernant les abus, il vaut mieux connaître quelqu’un. Sinon, trop souvent, les cibles des trolls peuvent continuer à observer les flots d’insultes envahir leurs flux Twitter.

Donc, aucune surprise ici : Foxlin dit qu’elle s’est débarrassée de son troll en contactant un ami qui est ingénieur chez Twitter. Eh oui : elle connaissait quelqu’un ! Cette botte secrète, ajouté à une citation à comparaître, a aidé à identifier l’agresseur, qui s’est avéré être une étudiante en robotique que Foxlin avait supervisée. Son agresseur était une femme !

Confrontée aux preuves, la femme a avoué et a écrit de longues excuses à Foxlin, qui n’a pas encore décidé si elle allait porter plainte.

Heureusement, beaucoup plus de femmes dans le secteur de la technologie croient en l’esprit d’équipe. Foxlin a d’ailleurs reçu de l’aide par ce biais : un contact chez Twitter, qu’elle a rencontré grâce à un réseau de soutien pour les femmes dans le secteur de la technologie, le National Center for Women in Information Technology (NCWIT), un groupe qu’elle a incité à rejoindre.

C’est merveilleux que Foxlin ait trouvé de l’aide chez Twitter. Mais cette expérience n’aide absolument pas ceux qui ne connaissent personne sur la plateforme sociale, historiquement saturée de trolls !

Il a fallu deux mois à Foxlin pour traquer le troll et obtenir la suspension de son compte. Ce qu’elle pense du soutien Twitter :

Le support de Twitter était un bot.  

En d’autres termes, il s’agissait d’un processus exténuant qui consistait à amener une personne réelle et vivante à réexaminer ce harcèlement sur Twitter et à prendre des mesures.

Twitter, nous savons que vous essayez. Vous nous le dites tout le temps. Vous venez toujours avec de nouvelles façons de gérer les trolls, et vous êtes fiers de montrer des chiffres qui montrent que cela fonctionne !

Mais ce qui est arrivé à Xyla Foxlin ne devrait en réalité arriver à personne !

Faites davantage, avec plus de résultats. Arrêter le système de bot. Optez pour l’humain. Quoi qu’en soit le prix à payer, privilégiez l’humain !


Billet inspiré de  How a Twitter troll was slain, sur Sophos nakedsecurity.

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