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Décrypter notre état émotionnel sur Facebook : un marché en or !

Facebook a travaillé sur des brevets permettant de décrypter notre état émotionnel sur le réseau social, en augmentant les possibilités de s'exprimer dans les messages texte, en capturant la manière de manipuler notre portable, en gérant nos caméras intégrées, ...

Facebook, pour être sincère, je ne peux, tout simplement pas, vous faciliter plus la vie pour vous révéler mon état émotionnel. N’ai-je pas déjà mentionné, par exemple, l’une de mes cordes sensibles, dans un commentaire sur BenBen : the Saddest Cat on the internet ?

état émotionnel

 

Bref, commentaires à l’eau de rose mis à part, Facebook a effectivement déposé une foule de brevets qui cherchent à comprendre et décrypter notre état émotionnel.

L’un de ces brevets, intitulé “Augmenter les messages texte avec des informations émotionnelles”, concerne le fait d’adapter les messages texte pour s’adapter à nos humeurs, ce qui sera alors interprété par la relation que nous avons à un moment précis avec notre téléphone.

Par exemple, quel type de texte est saisi ? Quelle police utilisons-nous ? Où, exactement, êtes-vous ? La plage ensoleillée, ou un donjon sordide ? Tous ces éléments pourraient affecter notre état émotionnel. Quelle est la vitesse de frappe ? Mode mitraillette, une lettre après l’autre ou plutôt style décontracté ? Et qu’en est-il de la manière de traiter votre téléphone ? Des gestes secs et nerveux ou des caresses tendres ? Le téléphone le sait : demandez-le tout simplement à l’écran tactile et/ou au niveau de l’accéléromètre.

Ensuite, faites correspondre une ou plusieurs de ces caractéristiques d’entrée au niveau du clavier avec un ou plusieurs mots dans les messages texte saisis, et le tour est joué ! Si les projets de Facebook se réalisent, il sera en mesure de déterminer si nous rions, pleurons, sommes terrifiés (comme ces petits mots qui recouvrent les caméras de nos gadgets, et pour lesquels Facebook a aussi des plans pour capturer nos émotions) ou remplis de rage (comme par exemple les accéléromètres de nos smartphones qui tremblent alors que nous nous insurgeons contre Facebook et sa tendance à envahir notre espace).

En bref, Facebook prévoit d’ajouter des fonctionnalités aux messages texte pour refléter les sentiments et l’état émotionnel de l’expéditeur. Cela pourrait signifier l’adaptation du format visuel des messages texte en temps réel, sur la base des émotions prédites de l’utilisateur. Vous pouvez facilement deviner l’intérêt d’une telle démarche : comme les notes du brevet le soulignent, et comme beaucoup d’entre nous en ont fait l’expérience, malgré le vaste univers des émoticônes, il est encore difficile de transmettre tout ce que vous voulez dire dans de brefs messages texte.

état émotionnel

 

Voici une image illustrant la façon dont Facebook prévoit de compléter les messages texte avec la technologie des émotions-mélangées-aux-messages-texte :

état émotionnel

 

C’est pour mieux te regarder mon enfant !

Et puis il existe un autre brevet sur le décryptage de votre état émotionnel, proposé par Facebook, intitulé : Techniques for Emotion Detection and Content Delivery. Dans ce dernier, Facebook explique comment il veut gérer nos caméras, qu’ils s’agissent d’ordinateurs portables, de téléphones portables ou de tablettes, qu’elles soient activées ou non, en attendant que quelqu’un comme Facebook vienne et nous observe via ce qu’il appelle “l’imagerie passive”.

La plupart des appareils intègrent aujourd’hui au moins une caméra, dont certaines peuvent être retournées vers l’avant. Pourquoi ne pas les utiliser pour nous observer lorsque nous regardons nos écrans, en réagissant par exemple à du contenu, et en envoyant nos propres flux d’émotions ou d’invectives ?

Toujours dans une démarche pour nous cibler davantage avec du contenu approprié, le réseau social propose le brevet suivant :

Il existe un besoin pour une solution visant à distribuer du contenu qui profite des données disponibles en provenance de l’imagerie passive, afin de fournir du contenu ciblé et davantage pertinent à un utilisateur.

Facebook propose un système qui capture l’image d’un utilisateur, identifie son état émotionnel et stocke les données. Ensuite, Facebook pourrait déterminer quelles émotions une donnée en particulier suscite, et utilise ces données pour cibler les utilisateurs.

état émotionnel

 

Le média social a décrit une autre technologie de récupération des émotions le mois dernier : une qui génére des emojis basés sur l’expression du visage d’un utilisateur.

Vous pouvez voir ci-dessous un exemple de la façon dont cela pourrait être utilisé : dans le dessin que Facebook a intégré avec le brevet, un utilisateur prendra un selfie, et le système produirait un emoji exprimant la même émotion et le même geste.

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Pourquoi tant d’attention de la part de Facebook concernant notre état émotionnel. Eh bien, quand il s’agit de reconnaître ces émotions, d’un point de vue marketing, cela vaut de l’or !

De retour en décembre 2015, lorsque Microsoft a développé une application de reconnaissance faciale pour reconnaître les émotions, Ryan Galgon, senior program manager au sein du groupe Technology & Research de l’entreprise, a suggéré que les développeurs pourraient utiliser ce type d’outils pour créer des systèmes que les spécialistes du marketing utiliseraient pour “évaluer la réaction des gens à une affiche dans un magasin, un film ou un aliment”.

Il a également suggéré exactement ce que les brevets de Facebook décrivent maintenant : des outils ciblant les consommateurs qui reconnaissent les émotions des gens et leur répondent à leurs besoins, par ici la monnaie!

Devons-nous faire confiance à Facebook lorsqu’il utilise les caméras de nos appareils pour nous regarder ? Si je me rappelle bien, c’est ce que certains voyeurs font : convaincre des femmes de “réparer” leurs gadgets en les observant sous la douche, puis en déclenchant la capture de vidéos ou d’images.

Je suis sûr que Facebook, l’un des réseaux sociaux les plus utilisés,  n’a pas l’intention de s’adonner à ce type de pratique. Mais je ne peux pas m’empêcher de penser à une précédente tentative datant de 2012, qui concernait une étude sur la “contagion émotionnelle”.

Comme vous vous en souvenez, pendant une semaine, les chercheurs de Facebook avaient ​​délibérément modifié les fils d’actualité des utilisateurs.

Pas “surveillé passivement”, bien sûr, mais plutôt “manipulé activement”.

Certains ont vu des éléments positifs dans leurs fils d’actualité, certains ont reçu une dose quotidienne plus sombre, alors que les chercheurs distillaient des bonnes nouvelles, ce qui a conduit à la conclusion que oui, les états émotionnels sont contagieux, et non, voir des amis publier des bonnes nouvelles n’incite pas nécessairement les internautes à sauter de la falaise.

La manipulation émotionnelle des utilisateurs Facebook mal informés, appelés par le New York Times les “rats de laboratoire” en faisant référence aux 700 000 sujets cités à l’époque, a mis le feu aux poudres d’un point de vue éthique, juridique et philosophique, alors que la fureur éclatait chez les politiciens, les avocats et les activistes d’internet.

Bien sûr, tout cela est pour l’instant dans des brevets. Un porte-parole du réseau social a posté une déclaration à cet égard sur Mashable, en disant que l’entreprise …

… recherchait souvent des brevets pour des technologies que nous ne mettrons jamais en œuvre, et les brevets ne doivent pas être considérés comme une indication de projets futurs. 

Espérons que si ces brevets aboutissent effectivement aux technologies décrites, Facebook se penchera plus sérieusement sur la façon dont il utilisera nos émotions qu’il ne l’a fait dans son expérience datant de 2012. En attendant, voici comment sécuriser toutes vos caméras que de nombreux cybercriminels savent déjà utiliser pour “l’imagerie passive”.


Billet inspiré de Facebook wants to feel your pain (and your joy), sur Sophos nakedsecurity.

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